Penser l'Alternative #2

Posté le 2 mars 2011 @ 11 h 57 min par Valérian Saliou

Voici le second volet de ma série de billets "Penser l'Alternative", dédiée à l'expression et au partage de mes idées personnelles sur des perspectives d'évolution du monde qui m'entoure. Le premier billet est accessible ici, pour les curieux (et courageux !).

Pour cet article, j'ai décidé de réfléchir sur l'organisation de la société autour de l'écologie, sujet qui me tient à cœur car j'essaie de penser, au quotidien, mes méthodes "écolos", jusqu'à même refaire le monde. Justement, le monde sera ici-même refait !

Photo par Lidark (CC-BY-NC-SA)

Allons-y ! Si certaines idées vous paraissent délirantes, farfelues ou inutiles, ne vous y fiez pas. Ces billets suivent le fil de mon imagination, qui peut parfois laisser sortir des choses assez étranges...

1. Repenser l'amménagement de notre territoire

Où que vous irez, vous constaterez une chose : les territoires humains ont été aménagés au fil du temps et des besoins. Surtout basés sur un idée d'expansionnisme à outrance que de révision des infrastructure matérielles déjà existantes. Pour moi, c'est une des causes de la destruction des écosystèmes dans les zones urbaines, grignotant chaque année de l'espace sur les paisibles zones de campagne.

Ainsi, je pense fermement qu'il est aujourd'hui nécessaire de redéfinir notre espace : créons des territoires appartenant à l'Homme, d'autres étant réservés à la nature. Et quand je dis nature, je ne parle pas de la campagne type agricole, pour nous, citadins que nous sommes. Je parle d'un retour de zones de nature vierge, sur lesquelles l'Homme n'appose plus aucun contrôle, s'il n'est que de régulation.

Pour qu'une telle chose soit possible, il faudrait bien entendu repenser nos villes, et probablement repartir de zéro. En effet, les techniques du 21ème siècle ne sont plus les mêmes que celles ayant créer les embryons de nos villes actuelles. Nous  savons à présent construire des édifices optimisés, occupant un minimum de surface terrestre pour un maximum de surface utilisable. Il est certain qu'aujourd'hui, la solution la plus abordable pour remédier à ce problème est la hauteur. Une autre solution aurait été de miser sur la profondeur, mais outre les coûts faramineux qu'auraient de telles constructions souterraines, elles ne seraient en aucun cas humaines (absence de lumière naturelle).

C'est ainsi, qu'en partant de cette constatation, que l'idée d'une ville centralisée dans de grosses et larges tours m'est venue ; nous nommerons ici chaque édifice nommerons "la ruche", par soucis de simplicité. Ainsi, chaque ruche pourrait être une ville à elle-même, indépendante sur le plan de l'énergie mais aussi de la gestion. Car, outre la pensée écologique, c'est aussi une pensée de politique alternative que je souhaite démarrer. Décentralisons au maximum et donnons un rôle important à chacun dans la vie de nos sociétés, par la distribution locale des pouvoirs !

L'indépendance énergétique devrait être appliquée sur ce modèle de ruche : chacune d'elles devrait pouvoir produire sa propre énergie et n'être reliée à aucun réseau électrique global ; ce qui limite les risques de pannes généralisées en cas de catastrophe (qui sait ?). De plus, une seule ruche serait capable de concentrer les habitations, les industries, les services, les centres de loisir, les commerces et les centres de traitement de nos déchets. Limitant ainsi ses déplacements, un problème est résolu : celui des automobiles ; le citoyen, s'il souhaite prendre l'air, aurait tout de même une vaste nature vierge l'entourant !

D'ailleurs, les zones urbaines devraient être installées dans des espaces choisis stratégiquement, selon des critères de climat et d'optimisation, afin d'obtenir un rendu énergétique maximal (énergie solaire, mais aussi salinité de l'eau, plus récemment). Ces mêmes villes ne doivent, bien sûr, pas altérer un équilibre écologique.

Avoir des véhicules volants individuels propres, ça serait le pied non ? À l'heure actuelle, c'est peut-être une vision utopique, mais ce serait si bénéfique pour notre environnement ; les infrastructures terrestres de transport pourraient ainsi être retirées (routes, voies ferrées, ports, aéroports et j'en passe !). D'ailleurs, chaque ruche permettrait à ses "utilisateurs" de loger aussi leur véhicule.

2. Repenser l'organisation de la société

Un changement de l'aménagement du territoire induit aussi un changement des usages, des mentalités et des systèmes. C'est pourquoi il faudrait faire avancer la démocratie vers un pouvoir absolu aux citoyens. Bien que ceci paraisse irréalisable, je crois que mes premières idées sur l'environnement facilitent l'application de celles que je vais développer ici.

Le concept de multiples ruches rendrait possible leur autogestion, comme dit plus haut, par ses habitants. Ainsi, nous obtiendrons des villes libertaires (ou libérales, à voir comment nous concevons l'économie du futur), où chacun aurait le droit à la parole et le droit d'obtenir facilement du pouvoir dans la gestion. Par un rapprochement des structures, on pourrait ré-intéresser les gens à leur société, et ainsi éviter le désintérêt public.

Le centralisme et les politiques globales pourraient ainsi être évitées, si ce n'est qu'elles ne garantiraient plus que la sécurité, l'éducation et le respect des Droits de l'Homme et des libertés individuelles de chacun. Nous pourrions aussi être amené à nous demander si, pour éviter les abus, une politique environnementale (droits et devoirs environnementaux) ne devrait pas être mise en place. Ceci dans la même optique que la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, mais appliquée à la vie naturelle. Les lois ? Tout simplement votées localement, dans chaque ruche, tant qu'elles respectent les déclarations globales.

C'est ainsi que cette dernière partie se place dans la continuité de mon premier billet sur le sujet. Vous noterez que mon avis a légèrement changé : j'ai introduit la pensée de l'environnement, si critique aujourd'hui.

Les rétroliens

  1. Ping : Pour un logement alternatif - Le weblog de Vanaryon le 9 avril 2011

Les commentaires

  1. Olivier M.
    2 mars 2011 à 12:22

    Je me permets d'apporter un élément à tout cela, qui s'oppose à ta vision "verticale" des villes : bien souvent, la solution à la pollution est la dilution. En effet, des comportements humains sans conséquence lorsqu'ils sont dispersés (uriner dans la nature, p. ex.) deviennent dramatiques lorsque concentrés (si tout le monde urine "sauvage" dans un lieu surpeuplé - parc d'attraction p. ex.).

    Le fantasme de l'"arcologie" (des joueurs de SimCity, par ici?) reste fort, mais cette vision est un peu morte avec le vingtième siècle. D'autant que, en tant qu'habitant de la campagne, j'ai bien en vue les défis liés à la ville : "vos" déchets sont ensevelis (ou pas, d'ailleurs) dans notre voisinage. Alors que les nôtres, pour partie, sont directement valorisés (compost, notamment).

    Et j'aurais _très_ peur d'une société qui entasserait tout le monde : l'espace nécessaire pour gérer les déchets concentrés (fut-ce en plusieurs centres) de 6 à 10 milliards de zigues risque fort d'être l'intégralité de celui qui n'est pas dévolu au stockage des dits zigues.

    Alors justement que nos moyens de communication modernes nous permettent de nous affranchir des limitations de la vie "extensive" (par analogie au modèle agricole du même nom), ce serait un peu dommage d'en venir (ou de revenir) aux grands ensembles, tu ne crois pas?

  2. Vanaryon
    2 mars 2011 à 13:08

    Justement, le principe d'indépendance de chaque bâtiment permettrait de traiter le déchets non pas dans des grands centres mais par petits ensembles.

    Et si les 6 milliards d'êtres humains étaient tous répartis en habitats extensifs, ce sont d'énormes zones qui auraient pu être exclusivement naturelles qui sont détruites !

    Et, heu, oui je suis un ancien de Sim City 2000 ;)

  3. Olivier M.
    2 mars 2011 à 13:59

    Sauf que ton principe d'indépendance n'est pas tenable : tu n'as pas envie d'habiter au dessus de la gestion des déchets d'un immeuble entier. Vraiment. Ni d'habiter à côté des déchets ultimes (ceux qu'on ne peut qu'enterrer, qui ont déjà subi toutes les étapes imaginables de réduction/valorisation).

  4. Vanaryon
    2 mars 2011 à 14:36

    Mais si nous pouvions réduire ces mêmes déchets au minimum ?
    Les emballages ? Si la production est locale, il n'y en a pas forcément besoin, ou alors un minimum.

    Par déchets ultimes, tu parles des déchets en général, ou du nucléaire ?

  5. Olivier M.
    2 mars 2011 à 14:48

    Non, ce qu'on appelle les déchets ultimes, c'est tout simplement ce qui sort des incinérateurs : boues, cendres et compagnie. En gros, tout ce qui n'a pas pu être valorisé, une fois réduit au minimum. Et je t'assure que tu n'as pas envie de vivre à proximité de ça. Sans parler du fait que leur quantité croît durablement (c'est plusieurs centaines, voire milliers d'années avant de pouvoir envisager de les "oublier"). On parle ici des plastiques, des cartons "en fin de vie" (donc après multiples recyclages), de certains verres, etc.

    Et puis pour ce qui est de la production locale, c'est très utopique aussi. Compte le nombre d'usines de microprocesseurs dans le monde, et ramène ça au nombre d'habitants : c'est ce qu'il faudra stocker comme population dans chacune de tes "structures verticales" si tu veux respecter ton principe d'indépendance (et il existe sûrement des choses produites sur encore moins de sites). Sans parler du cas des ressources naturelles : tout ne se trouve pas partout, loin s'en faut.

  6. Vanaryon
    2 mars 2011 à 15:20

    Problématique, oui. Peut-être qu'un jour les progrès de la science nous permettront de disposer de bactéries capables de décomposer ces déchets ultimes comme elles le font avec les déchets biodégradables.

    Ce que je dis ça me fait penser à ce qui a été dit sur le nucléaire dans les années ~60 : "dans un futur proche, on saura comment éliminer les déchets radioactifs". On n'a pas encore réussi ;)

  7. Olivier M.
    2 mars 2011 à 15:31

    Superphénix date de 1967, donc ça n'était si fumeux que ça comme prédiction. :p

  8. Galuel
    3 mars 2011 à 16:14

    Tu es mûr pour étudier en quoi la MONNAIE est le lien qui permet ou pas l'organisation décentralisée, selon le type de RESEAU que suppose son MODE DE CREATION.

    Voir :

    http://www.creationmonetaire.info/2010/11/theorie-relative-de-la-monnaie-10.html

    http://blog.rom1v.com/2011/02/dividende-universel-un-enjeu-majeur-de-societe/

    http://www.tetedequenelle.fr/2011/03/de-villepin-revenu-citoyen

  9. Flocon Natwral
    5 mars 2011 à 19:24

    Bonsoir,

    J'admire énormément ta manière de voir les choses, et je suis tout à fait d'accord. Mais un problème se pose, s'est déjà posé dans le passé, et ne risque pas de changer: les religions. Alors, à moins de diviser les religions dans des ruches différentes, ou dans des villes différentes (ce qui se résumerait de la ségrégation, comme on le voit aux USA, qui par ailleurs est loin d'être un bon exemple), les troubles sociaux vont rester. Or, le monde dont tu parles ne pourrais que naître dans un monde de paix, sans guerre.

    En plus de ce problème de religion, il y a le problème de l'argent (la plus stupide invention de l'homme à mes yeux...). En effet, pour construire un tel monde, il faudrait dépenser des milliers de milliards de milliards (si ce n'est plus).

    Moi, je rêve en tous cas qu'un jour, ce que tu dis se réalise...

    Bonne soirée. (:

Laisser un commentaire